Les dates anniversaires sont toujours intéressantes pour faire le point sur les combats que nous menons. En 1983, la Marche contre le racisme se voulait une mobilisation nationale.

A cette époque, encore lycéen, j'adhérais au mouvement "SOS racisme", portant fièrement la petite main jaune signifiant : "Touche pas à mon pote".

Prise de conscience pour moi de la nécessité de lutter contre toute forme d'exclusion et notamment raciale. Fréquentant régulièrement les terrains de sports et notamment ceux du football, là l'intégration était pour moi de fait car autour de moi il n'y avait que des joueurs de foot et pas question d'origine, car nous étions tous métissés.

De plus, en fréquentant certains établissements avec un ami maghrébin je me suis rapidement aperçu que j'avais droit à des accès auxquels lui ne pouvait prétendre. A l'âge de l'adolescence ceci me paraissait impensable, incompréhensible. Pourtant la réalité était bien cruelle.

J'ai longtemps milité avec cette association, pensant que cela dépassait les clivages politiques, était même "apolitique".

Cruelle désillusion quand on sait que ce mouvement fut bien vite récupéré par les socialistes à leur profit et Harlem Désir aujourd'hui premier secrétaire du parti en est la parfaite illustration.

Autant le combat mené me paraissait juste autant cette récupération était pour moi insupportable et j'ai quitté ce mouvement au bout de 3 années.Sans renier mes idées et mon idéalisme peut être naïf.

Un an plus tard, lors de mes années universitaires j'eu un autre combat à mener contre une réforme injuste de l'Université la fameuse loi "Devaquet". Là, la droite dite républicaine par l'intermédiaire de Charles Pasqua lâcha ses "chiens" sur sa jeunesse. Des affrontements qui eurent une victime malheureuse : Malik Oussékine. La droite retira son projet de loi, perdra les élections de 1988 mais les faits sont là, il fallu du sang versé pour y parvenir.

Ce sang fut celui d'un jeune nord-africain non-violent qui eu le malheur de se trouver à un mauvais endroit au mauvais moment, mais force est de constater que si celui ci s'appeler Vincent, Pierre ou Paul, je suis certain qu'il n'aurait pas été ainsi maltraité.

En 1998, 15 ans plus tard, la France a eu un merveilleux rendez-vous avec l'intégration. Notre équipe Black, Blanc, Beur, gagna la coupe du Monde....

Que reste-t-il de tout cela aujourd'hui ?

Au fond quelques avancées mais pas de changement en profondeur. Les partis politiques jouent la carte de la discrimination positive en positionnant des gens d'origines ethniques dans leurs bancs, mais cela n'est qu'une façade. Il n'y a qu'à voir à gauche dernièrement la campagne anti Samia Ghali au motif que celle ci aurait fait une campagne identitaire...

Tristesse... et surtout de voir que cela n'émeut même pas Harlem Désir...

A droite cela n'est pas mieux quand on voit Hortefeux railler sur les bons et les mauvais arabes...

Dans la presse ou les réseaux sociaux les attaques sur Mme Taubira... Non, nous n'avançons pas.

Mais tout cela n'est qu'un vernis... La poudre aux yeux, ce qui nous gouverne feignent de prendre à bras le corps ces difficultés, mais l'intégration n'est qu'un leurre...

Les cités sont de plus en plus surpeuplés et d'une population issue de l'immigrations.

Notez bien que j'ai dit issue de l'immigration. Car les premières génération d'immigrants venus pour participer au développement économique de notre pays dans les années 60-70, ces premières génération ont donné naissance à de nombreux enfants qui sont tout autant français que ceux de Neuilly...

On interdit toujours l'entrée aux boites de nuits à ces jeunes, aux écoles huppés, (combien y a t-il de ces jeunes à Henri IV à Paris),...

On poursuit cette exclusion. Le chômage aussi touche particulièrement ces personnes. On a parlé du CV anonyme... Génial, alors Ahmed ou Boubacar ont leur chance pense t-on ? Eh bien non... Car au moment de l'entretien, même si cela n'est pas dit leurs origines jouera contre eux. Pour qu'ils soient pris il faut que l'entreprise n'est aucune autre solution.

Certains vous disent, puisqu'ils peuvent pas travailler ils ont qu'à retourner chez eux... Mais chez eux c'est en France, le pays où ils sont nés.

Alors on condamne la radicalisation de cette frange de la population ? Oui c'est condamnable d'utiliser la religion à des fins d'affrontement pour exister sur le sol français. Mais quels choix leur avons nous donné ?

Le voile, les prières dans les caves, dans la rue, tout cela n'était que des épiphénomènes en 1983. Et la Marche, les mouvements n'ont rien apporté sur ce plan là et en manque de solutions, certains ont utilisé la religion comme forme de provocation pour se singulariser.

Ce calcul n'est pas le bon car il ne fait qu'étendre le fossé qui nous sépare alors que notre pays laïc devrait pouvoir nous rassembler.

Quelles sont les solutions ?

Tout part de l'éducation et du droit aux mêmes chances pour tous.

Respectons les principes de la république.

Acceptons enfin que la France est multi ethnique et que c'est une chance pour l'avenir.

Que nos politiques arrêtent de se comporter comme des partisans mais comme des élus responsables montrant à tous le respect de l'autre.

Un mouvement ? Une Marche ?

Oui si celle ci n'est pas récupération et unitaire de la Nation toute entière.

Les américains ont eu Martin Luther King et aujourd'hui ils ont Obama.

L'Afrique du Sud a eu Mandela et il a réussi la fin de l'Apartheid.

Nous on adore Gad Elmaleh, Djamel Debbouze, On a rêvé avec Zidane, Thuram, Desailly, on s'extasie avec le PSG et les millions qataris, Mais nous n'avons aucune profondeur d'âme.

L'étranger est un beau livre de Camus mais on le ressent comme un danger.

Tant que ce sera le cas, rien ne pourra jamais changer...

mes coups de gueule